180 kilomètres de cailloux, de crêtes et de silence. Voilà ce que promet le GR20, tracé nerveux qui découpe la Corse du nord au sud. Plus de 10 000 mètres de dénivelé positif s’alignent sous les semelles. À certains endroits, les mains s’invitent à la progression, le balisage disparaît, et trouver de l’eau devient un casse-tête, même lorsque le soleil écrase la montagne.
La réglementation est sans appel : le bivouac sauvage reste interdit, sauf dans les aires désignées. Côté météo, tout peut basculer en quelques heures. Planifier, c’est composer avec l’incertitude. Pourtant, chaque année, des milliers de marcheurs s’attaquent à ce chemin, prêts à affronter une rudesse et des surprises qui font la réputation du GR20.
Pourquoi le GR20 est considéré comme la randonnée la plus difficile d’Europe ?
Le GR20 ne se contente pas d’être long : il accumule les obstacles là où d’autres sentiers se contentent d’un ou deux défis. Ce parcours relie Calenzana au nord à Conca au sud, traversant la montagne corse sur 180 kilomètres et 16 étapes. Plus de 10 000 mètres de dénivelé positif découpent le rythme, et ce chiffre, à lui seul, place le GR20 devant des géants comme le Tour du Mont Blanc ou la Haute Route.
Mais la difficulté ne s’arrête pas à la seule distance ou au dénivelé. De nombreux sentiers en France et ailleurs bousculent les jambes, mais ici, la technicité s’ajoute à l’isolement. Pierres branlantes, crêtes à découvert, passages aériens : chaque portion réclame une concentration totale. L’eau manque, les routes s’effacent, la vigilance ne doit jamais faiblir.
Voici les caractéristiques concrètes qui font du GR20 un défi hors normes :
- Traversée de la Corse nord-sud : un itinéraire sans répit, loin des villages et du confort
- Dénivelé accumulé : jusqu’à 1 200 mètres d’ascension à franchir, jour après jour
- Difficulté technique : chaînes pour se hisser, crêtes exposées, sentiers abrupts
- Autonomie : peu de ravitaillements, refuges espacés, nécessité de bien gérer ses ressources
La diversité des paysages ajoute une dimension supplémentaire : forêts denses, lacs suspendus, arêtes minérales, vallées encaissées. Chaque saison voit défiler des randonneurs aguerris venus mesurer la difficulté de ce sentier qui repousse les limites de l’engagement.
Les défis uniques du GR20 : entre terrains techniques, météo imprévisible et engagement physique
Le GR20 ne joue pas dans la catégorie des simples longues randonnées. Dès les premiers kilomètres, au départ de Calenzana, le sentier annonce la couleur : blocs de granit, arêtes à franchir, couloirs raides, le tout souvent à flanc de vide. La portion nord, réputée la plus ardue, multiplie les passages avec chaînes, les montées où chaque prise compte, les descentes qui sollicitent autant la technique que le mental. Ici, le moindre faux pas se paye immédiatement.
À cela s’ajoute une météo imprévisible, dictée par l’altitude et la proximité de la mer. Le soleil cogne, puis soudain le brouillard recouvre tout. Orages brefs mais violents, écarts de température saisissants, et parfois même des névés persistants en début de saison : chaque étape réserve son lot d’incertitude. Traverser le parc naturel régional de Corse, c’est accepter de ne jamais vraiment savoir ce que la journée réserve.
Voici quelques situations concrètes qui attendent les marcheurs :
- Sentiers étroits longeant des falaises abruptes, notamment entre Vizzavona et Porto
- Passages à plus de 2 000 mètres d’altitude où l’air se fait plus rare
- Enchaînements de cols, pierriers mouvants, où chaque pas doit être calculé
Sur le GR20, l’engagement physique est total. Les étapes s’enchaînent, la fatigue s’accumule, la récupération devient un enjeu. La moindre faiblesse est révélée, et seuls ceux qui savent doser leur effort et s’adapter peuvent espérer aller au bout de ce parcours parmi les plus exigeants d’Europe.
Préparer et réussir son GR20 : conseils pratiques pour vivre l’aventure en toute confiance
Prendre le départ du GR20 nécessite une préparation sérieuse. La condition physique doit se travailler en amont : cumuler les kilomètres, s’habituer au dénivelé, renforcer muscles et souffle. L’endurance ne s’improvise pas. Entraînez-vous en terrain accidenté, multipliez les sorties longues, habituez-vous à porter un sac chargé. Ce chemin ne pardonne pas les approximations.
L’équipement mérite une attention toute particulière. Choisissez des chaussures de randonnée solides et confortables, capables d’avaler les kilomètres sans faiblir. Optez pour un sac léger mais complet : vêtements pour tous les temps, protection contre la pluie, une trousse de secours bien pensée, de quoi manger sur le pouce. Anticipez la soif : certains jours, aucun point d’eau n’attend entre deux refuges.
Avant de partir, gardez en tête les points clefs pour une organisation solide :
- Documentez-vous sur le temps de parcours : 16 étapes réparties sur 180 km, avec un dénivelé qui use à la longue
- Pensez à réserver vos refuges : l’été, la fréquentation explose, les places sont comptées
- Évaluez votre autonomie : adaptez l’itinéraire à votre forme et à votre habitude du terrain
Enfin, la météo dicte sa loi. Consultez les prévisions, chaque matin, adaptez votre rythme et vos objectifs. Le GR20 attend de ses marcheurs prudence et humilité : avancer, c’est accepter d’être parfois ralenti, voire arrêté. Affronter la montagne corse, c’est s’engager, physiquement et mentalement, dans une aventure qui ne ressemble à aucune autre.
À l’arrivée, le regard se porte en arrière. Les reliefs traversés, les obstacles franchis, l’effort consenti : tout reste gravé. Le GR20 ne se raconte pas, il se vit, et transforme chaque marcheur qui ose s’y confronter.